De nouveaux chemins se forment, par dessus les artères et sentiers chantés, les routes des oppresseurs, mais aussi de nombreuses « Trails of tears « ( Pistes des larmes/ La piste où ils ont pleuré ) chemins de déportation vers les réserves ou camps, vers lesquels de nombreuses communautés natives sont emmenées, décimant les populations, dû aux conditions de leurs migrations, qu’elles soit d’épuisement, de faim ou dues à la façon dont ils étaient stockés et rassemblés dans des convois à pied ou dans des bateaux, vers la finalité de leur destination. Les Birdsongs, tout comme les Songlines pour les aborigènes, sont des éléments qui permettent encore aux Natifs de se raccrocher aux traditions qui restent et aux racines encore enterrées, à leurs terres que les pionniers leur ont soutiré, les découpant en morceaux géométriques, dessinant des cartes, les déclarant comme leurs, malgré la résistance opposée. Vers une finalité, d’une façon ou d’une autre, d’isolement dans des réserves, hors de vision de la société blanche dominante. Une société dans laquelle, encore actuellement, les populations natives sont encore à part, et présentent de forts problèmes sociaux-économiques, souffrant des séquelles coloniales, dans les réserves et en dehors.
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Refaire le chemin arrière. Quitter la station service, quitter toutes les choses absorbées dans la construction d’un soi sur l’espace. Retrouver la bonne direction parmi toutes celles proposées. Suivre le même goudron du début, transpercer les vallées entre les falaises. Revoir ce que l’on avait peut-être oublié, ou lentement transformé en data dans une banque de données topographique. Notifier les déplacements subtiles des choses que l’on a brièvement aperçu. Perdre son regard au delà de la vitre du bus sans jamais s’attacher à un point fixe. Partir à demi, être ici mais toujours là-bas, prospecter la prochaine étape. Observer l’attente, investir les corps tandis qu’ils s’alanguissent progressivement, suspendus de leurs objectifs, mais en chemin dans l’accomplissement de leurs desseins prochains. Perdus dans la planification de nouvelles constructions, dans le dessin de nouveaux motifs et tracés à emprunter. Imaginer un nouvel itinéraire à chaque arrêt du bus, subjuguée par toutes les éventualités offertes, quelles voies poursuivre à chaque carrefour. S’attacher à ce point fixe continuellement talonné par cette étendue de goudron auquel on se raccroche, comme une tyrolienne entre deux sommets prétendus. Arriver à destination. Presque. Braver les détours, errances et demi-tours. Se perdre pour de bon, se laisser entraîner par les rues et avenues semblables, traverser les synonymes et les panneaux muets. Rechercher l’étape cachée, tapie sous un labyrinthe de directions. S’engager dans l’avenue à double sens, prendre la deuxième à droite, apercevoir la signalétique recherchée. C’est un peu comme retrouver une clef engloutie par un amas de cordages, noués par le temps qui passe. Ressentir le soulagement traverser son corps mais garder à l’esprit que la serrure n’est pas à portée.