Paris - New York
      

côte Est, pour remonter vers le Nord et déclarer le Groenland comme territoire appartenant au Danemark en 1907, après en avoir cartographié l’entièreté, possédant un savoir/pouvoir exercé sur les populations. Les cartes ont été l’un des plus importants outils de la colonisation du Groenland, et ont  permis l’importante portée qu’ont maintenant les Danois sur les Groenlandais, autant que la disparition progressive de  leur propre culture, de leur identité.


        

Elles ont aussi permis au Danemark d'assurer une dépendance des peuples natifs à leur présence, autre que la dépendance financière déjà existante, qui représente déjà un poids important. Les cartes sont fortement liées à cet esprit de conquête et de propriété, représentant des terres dont la connaissance est déjà pré-supposement acquise- cartes représentant des propriétés à usages relativement ouverts à tout public, ce qui n’était pas encore le cas à l’époque de leur conception et ce n’est pas encore pleinement le cas maintenant, car une carte donne à voir ce que l’on veut bien révéler. Les Inuits n’étaient pas investis dans une mouvance de conquête de terres, et l’existence d’une tradition cartographique matérielle quelconque n’aurait eu aucun sens, ne pensant pas le territoire comme une chose à acquérir ( d’après mon entretien avec M. Myrup ) mais comme une chose à            vivre, pour travailler à créer un mode de vie en accord entre leur évolution et celle de l’espace environnant. Un rapport à l’environnement qui se fait par la vie et l’échange qui s’y inscrit, entre un corps, quel qu’ il soit, et les espaces dans lesquels il déambule, rien que par le fait d’y être, de se tenir à un point donné, au milieu d’un ensemble de points qui ensemble font toute une étendue. Ce sont les histoires qui font lieu, et c’est par ce principe, celui de l’expérience passée, que fonctionnent les traditions orales, qui par le récit font les terres et leurs itinéraires, faits de savoirs, d’événements vécus. Les terres deviennent l’histoire d’une culture et le patrimoine est ce qui fait un territoire.

      

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Aller dans les endroits touristiques, observer les falaises et les chutes d’eau d’heure en heure plus agitées par la foule comme une masse de fourmis partie dans tous les sens possibles. Des vibrations continuelles sur la terre foulée déplacent lentement l’équilibre des choses présentes. Des  allers-retours en chaîne, gravir les escaliers, les rocs en un mouvement de foule synchronisé. C’est toute l’agitation des alentours concentrée en point, aspirant tout le reste avec elle. Entre chaque point le silence, dans les champs ou dans les villes. Comme des villes balnéaires ou des endroits de passage, aussi abruptement visités que désertés. C’est ce phénomène assez étrange de villes beaucoup moins peuplées dans les rues que sur les plages.   C’est assez représentatif de la situation du pays, cette île qui était encore seule dans l’océan il y a environ 20 ans, avec des échanges beaucoup moins passionnels avec l’extérieur qu’aujourd’hui. L’occupation de l’espace est maintenant basée sur un principe de consommation, consommation du voyage, cette économie qui profite de l’itinérance et qui finalement dé-nature ces déambulations, qui finalement se rapprochent plus d’un sédentarisme de poche qu’à une vraie démarche de changement. Un commerce qui transforme une nation en un parc d’attraction.