Paris - New York
      

Le territoire, c’est le sol devenu objet, un objet malléable sur lequel il y a contrôle acquis sans plus vraiment le remarquer. Sa représentation physique qu’elle soit plane ou en mappemonde est claire sur le point du pouvoir qu’elle nous accorde, en vue plongeante sur une surface que l’on domine. La cartographie, et la création de territoires sont ces outils qui permettent d’affirmer une position, autant spatiale que sociale face aux autres, dans une compétition qui engage les terres en tant que  propriétés à perdre ou à gagner. Qui brise les unités sociétales et crée des groupes communautaires qu’elle re-divise et re-divise constamment. C’est un système sans fin, qui, installé comme support pour une société qui croît dans le consumérisme matériel, se distingue au nombre de parcelles absorbées. La carte, ou le territoire, ce sont ces fantasmes de contrôle sur les espaces disponibles, que ce soit par la possibilité d’une connaissance pointue ou par le pouvoir que l’on s’octroie seul de ré-organiser les terres encore vacantes. Ce sont des outils qui nous font naviguer dans nos propres acquisitions, sous toutes leur formes. Qui imposent une unique représentation des terres, sur laquelle sont tracées les lignes qui forment les frontières, dé-partagent une appropriation de possessions, sans prendre en compte les principaux acteurs des terres en question, ces corps qui vivent du début à la fin raccrochés à la surface. Il suffit d’observer les démarcations tracées sur les anciennes colonies, sur lesquelles est tracée une grille quasi géométrique, comme la division de l’Amérique du nord, celle qui marque le Groenland ou bien encore l’Australie.

 

        

Ce sont des terres départagées en territoires, en portions selon un système de biens fractionnés parmi  un groupe de personnes qui se sont attribué un pouvoir par dessus es communautés et sociétés déjà existantes sur place. Des divisions qui créent une hiérarchie de cultures et de populations, simplement  en plaçant ses terres au centre de la carte, au centre du monde. Cartographier, c’est prétendre savoir, et le savoir, c’est le pouvoir. Le pouvoir sur les terres. Google Earth, Google Maps sont les héritiers des feuilles tracées, qui témoignent d’un état prétendu acquis, qui présentent encore des carences de représentation, carences qui comme sur les cartes ont aussi une  fonction écran, qui représente ce qui ne doit pas être représenté, pour des raisons sociales ou politiques, comme en parle Philippe    Vasset dans Un Livre Blanc, sur la petite échelle de sa région, de zones blanches qui cachent en réalité terrains vagues et camps de populations marginales, migrants et sans domiciles fixes. Ces zones blanches recouvrent aussi les sites  militaires. La dimension ludique de ces logiciels devient aussi un agent dé-dramatisant, comme un deuxième écran recouvrant l’ appréhension du réel. C’est exactement ce que dit Theresa Castro dans La Pensée Cartographique Des Images,  à la page 237, lignes 6-19: «  Ce qui frappe dans Google Earth, ce sont ses fonctionnalités «  cinématographiques », illustrées par la fluidité des mouvements aériens permettant à l’utilisateur de parcourir l’espace-temps, ou encore la possibilité d’évoluer en profondeur dans l’image, que ce soit à travers le zoom in ou le zoom out. (..) Google earth est, par ailleurs associé à un fantasme de domination panoptique à l’ensemble de la planète. Il est difficile de ne pas évoquer cet aspect quand l’application prétend avoir  photographié toute la surface de la terre »  C’est se tenir en face du spectacle de sa propre emprise sur  l’espace. Voyager à travers ses possessions attendues, à travers des choses établies, installées et immobiles. C’est un outil dans le prolongement de la conquête cartographique, qui montre les lignes fixées au fur et à mesure de la croissance des sociétés, et les échelles de pouvoirs qui se sont crées au profit de certaines et au détriment d’autres, qui     montre aussi un savoir des conquêtes

      

 

 

        

 

 

 

 

 

        

 

 

                                





           

49.010512, 2.547144.

Départ à 11 heures 30 de l’aéroport. Sortie du pays vers 12h30-C’est étrange de se dire que les airs au même titre que le sol sont sujets à nombres de titres de propriétés liés aux différentes nations. Ils semblent comme un autre type    d’espace, libres et flottants au-dessus du reste, de ce partage de terre, assez incongru quand on y pense, lié à ces disputes de puissance et au nombre de kilomètres carrés acquis. Les airs ont cette espèce de fausse liberté, et détiennent cet idéal en premier lieu de façon très mystique, lié à diverses croyances, mais aussi  d’une impossibilité physique, celle de se tenir en altitude sans un sol sous ses pieds. Avec l’avion et d’autres nouveaux transports aériens, l’individu conquiert toujours de nouveaux espaces libres. Les seuls états sans vraiment de monopole lié à la propriété ou à la  possibilité d’une appartenance autre que celle affectée à celui à qui ils ont été consentis premièrement sont les corps, naturels et mobiles, solides ou gazeux. L’eau, polymorphe, présente dans les airs n’a pas de nation spécialement dédiée. Elle ne se pose sur le sol que pour en repartir plus tard. C’est un peu le mouvement perpétuel, d’une forme à une autre, d’un endroit à un autre. Comme cette querelle continue à propos des droits du sol à qui il revient. Cependant personne ne peut avoir pleinement le pouvoir sur le sol, dans le sens où personne n’est en capacité d’empêcher son fonctionnement naturel, personne ne peut empêcher la terre de tourner. Alors quel est le but de cette division active sur quel     type de zone occupée lorsque l’on sait que rien n’aura changé quelque soit la place occupée? Une affaire de relations entre individus, qui se supportent, ou pas, et sans jamais se comprendre vraiment, restreignant les échanges d’un coté ou de l’autre en s’accrochant à sa position.