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Rentrer dans une routine, rouler toujours sur les mêmes sols, de nouveau s’établir dans les endroits dans lesquels personne ne reste. Toujours respecter les mêmes aller-retours, comme insister sur l’encre de ses pas sur des routes dont le sens vient rythmer l’immobilité requise à être lieu, ou étaler son temps dans l’ à moitié inconnu, basculer dans le presque reconnu. Croire à de nouvelles connexions, à de fausses impressions de proximité fugaces qui s’effacent comme les vagues de chaleur quand on s’approche de trop près. C’est toujours les mêmes questions de distances, entre le point de départ et celui sur lequel on se trouve qui déterminent si on persiste au même poste. Comment est décidé le point de départ. Quelles en sont les raisons et vers où migrent les droites qui en partent. S’appuyer sur une coordonnée fixe et faire le tour d’un périmètre défini. Ça revient comme graviter autour de soi-même, autour des mêmes points sur lesquels on se projette. C’est comme s’enfermer dans un vase clos, par des parois, sans s’en rendre compte, qui n’ont été décidées qu’à moitié par nous. C’est rester à sa place, celle attendue et pré-faite. Dans une fiction, quelle qu’en soit sa nature. C’est le piège d’un sommeil confortable, dont le réveil renverse l’ordre installé malgré sa volonté. Se retrouver suspendu au-dessus de ce qui est attendu dans un réseau dont les aboutissants sont déterminés avant d’exister. Avancer via des itinéraires pré-fabriqués. La mobilité, c’est aller outre-outre les grandes avenues et les artères dont la nuée nous emporte sans vraiment y prêter attention, dont on n’en choisit plus vraiment la destination. Être cet élément détaché, flottant autour de ses propres satellites. Comme les enfants des Lignes d’Erre, de Fernand Deligny, c’est choisir d’aller en-dehors des sentiers, briser les grandes lignes par l’usage ou le non-usage, juste par la décision d’abandonner une trajectoire, utiliser le sol en accord avec soi et les autres. C’est être capable d’aller au-delà des définitions, au-delà du territoire. D’aller plus loin que les directions attendues, prendre son indépendance face au système territorial, et donc aller vers le « vivre ensemble » plutôt que vers la division en petites poches.