Paris - New York
      

C’est le système colonialiste, ancré  sur les principes et les lignes tracés au sol, dirigeant le système  relationnel entre tout ceux qui les empruntent. Ce sont ces       hiérachies, autant actuelles que héritées qui pèsent encore sur les minorités, notamment sur les populations natives, comme celle des américains natifs ou des aborigènes d’Australie, toujours mis au ban de la société qui s’est développée sur l’appropriation de leurs terres, ou des natifs au Groenland toujours captifs de la dépendance financière du pays face au Danemark, mise en place par les danois.       Ce sont ces individus piégés au bas de l’échelle, luttant face à la pression du système financier lié aux classes sociales, aux réserves, aux quartiers isolés et surpeuplés, tout en s’efforceant  de persister pour ne pas laisser leur racines se noyer et se dissoudre face au poids des puissances-colons, dominantes.

Un développement de survivances à travers la création artistique, à tout les niveaux, pour reprendre prise sur l’inaccessible. Que ce soit des artistes comme Pia Arke qui font état d’une situation, d’un passé, d’un présent et d’un futur lié au colonialisme, d’être déchirés par la relation conflictuelle entre deux cultures antagoniques, donc qui parlent de conséquences de la séparation, et d’une frontière, jusqu’à d’autres qui travaillent à monter une opposition à ces limites, comme une autre muraille faite pour être détruite, à un point déterminé dans le temps et dans l’espace, des artistes qui outre-passent les lignes car elles ne leur sont pas utiles. La création comme un moyen de ré-appropriation de ce qui s’échappe, comme raviver ses racines sur le point de s’éteindre, ou ré-affirmer le sol comme bien commun, comme seule possession que chacun use et hérite, support comme un  corps universel à tout déplacements et séjours possibles, pour une plage d’espace-temps sans limites. User de cet espace-temps, comme un terme pour définir le sol ou les terres, toujours changeants car   inévitablement liés à une dimension temporelle, dont la physicalité se révèle dans le mouvement. Comme une dimension dans laquelle les  activités reliées à des actions humaines sont au minimum, avec lesquelles l’espace-temps entre tout de même en dialogue de façon inhérente, qui cependant est nu de tout notion d’appartenance, lignes, zones, frontières, pays, mais aussi de paysage. C’est  l’espace premier, qui va d’allers et retours entre le concret et le concept, qui disparait face à l’apparition et la multiplication de territoires. L’espace-temps comme une ultime dimension créative, outil pour dé-faire et re-faire le sol, sans aucune division qui            pourrait contrarier toute sorte d’horizons ouvertes.

        

L’enjeu est de briser les lignes, les  états installés et les échelles de pouvoir pour un fonctionnement horizontal, sans échelles mais une mise à niveau égale. S’affranchir  des lieux arrêtés et re-questionner le sens des frontières, de la privatisation du sol, ultime bien pourtant partagé par tous, pour des raisons évidentes de physique, et en fait, d’existence. Je ne propose pas, avec ces textes, de solutions concrètes. Seulement une réflexion sur le droit du sol, le droit à l’habitat et à la migration, des corps culturels et sociaux, renfermés dans les terres dont l’accessibilité et la durabilité est déterminée par les façons dont la civilisation à laquelle ce patrimoine appartient a dû s’affirmer, se justifier ou même se soumettre face au reste. Une réflexion sur comment évoluer dans l’espace, face aux frontières, par-dessus les frontières. Sur comment sortir de la paralysie des délimitations, qui gèle le sol et les gens, dans le sur-place, autant physique que dans les certitudes de sa propre puissance, ou à l’inverse toujours sous le poids des multiples contrats de propriétés affirmant que sa présence sur le sol n’est en rien convenue et conforme. Considérer l’espace disponible comme une superposition, de plusieurs projections subjectives sur les sols, des projections comme des territoires qui viendraient s’additionner les unes aux autres, qui ne s’attacherait pas de façon permanente au lieu en lui-même mais au corps dont l’idée provient.

 

 


        






                

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L’aéroport, c’est ce ce portail qui entraîne un ensemble de corps vers tant de directions différentes, plus ou moins éloignées, dans un sens ou dans un autre. Il est hébergé sur le sol de la nation de départ et d’arrivée, sans vraiment détenir l’essence du lieu qui le porte, à part peut-être devenir support à diverses enseignes commerciales qui porteraient fièrement le flambeau culturel. C’est un lieu à la fois familier et étranger, qui s’appuie sur un environnement connu, mais porte les         marques des morceaux des différents foyers que les milliers de gens qui traversent la zone emportent avec eux.

Ils hébergent nombre d’individualités sans vraiment en être fidèles à une seule. Je suppose que c’est assez similaire pour le reste des aéroports, qui représentent à la fois l’entrée et la sortie d’un territoire, la première et la dernière impression produite d’un vol à un autre. C’est un sentiment ressenti qui s’intensifie lorsque l’on se rend dans ces mêmes lieux,   lorsqu’ils n’ont pas de terre d’attache à proprement parler. Comme les aéroports inter-frontaliers. À la croisée de plusieurs pays il n’en n’appartient à aucun réellement, puisqu’il est partagé en frontières comme celles que l’on retrouve à chaque lisière de province, des bureaux de contrôles plus ou moins actifs et une surveillance continue. Il y a une neutralité pas complètement fidèle à elle-même, différents éléments des trois pays sans vraiment constituer une identité propre, comme un assemblage d’ombres des choses qui comptent vraiment, qui cèdent leur place à un commerce plus international. C’est toujours un lieu-frontière.

Qui à la fois marque et efface les seuils entre toutes les zones de sol. Qui marque les limites et en même temps permet d’être en survol. C’est un point de départ et       d’arrivée qui ré-arrange la géographie, tout comme les avions qui en partent, les gares et les trains. Ça fait un peu l’effet d’une carte de billes de Mona Hatoum, ou l’inverse, dans lequel son installation Map ( Clear )   serait comme un aéroport, dans lequel toutes ces individualités, représentants de territoires   différents, se croisent et s’entremèlent avec tous à chaque fois des  différents points de départ et d’arrivée. Qui force de passages répétés éclatent les tracés cartographiques contre le sol, et divise les territoires en traçant ses itinéraires d’aéroports en aéroports, de seuils en seuils, à l’intérieur et à l’extérieur des nations. C’est le re-découpage permanent du sol qui en fait comme un jeu de construction, comme une matière polymorphe sujette à tous les désirs et besoins de ceux qui l’empruntent. Alors que le seul élément dans l’immobilité spatiale, c’est le sol. C’est ce qui ne change pas, ce qui est toujours là. Un sol témoin du temps et du reste, des  mouvements qui l’agitent et des pas qui le foulent. Mais dont la nature change constamment, auquel on persiste à attribuer une identité.