Paris - New York              
      
        

des frontières auquelles il est assujetti. Ce qui renforce encore les puissances économiques sur un statut hiérarchique plus élevé, sur une relation de colons à colonisés, dans lequels les premiers vont de propriétés acquises à propriétés acquises tandis que les autres n’ont comme seul possible que de rester et s’éteindre dans des cuves dont le sol a été, et est asséché par d’autres sociétés au statut plus important, autant par des moyens sociaux que par le libre accès aux richesses locales, sans échange particulier en retour. Le territoire est rythmé par des questions d’épargne de patrimoine et de richesses, qui en fonction des pouvoirs détenus sont voués à s’étendre à ou disparaître. Des ressources qui restent dans les mêmes mains, dès l’instant où elles sont siennes. Qui sont mises sur les mêmes balances de concours de pouvoirs, en constante compétition, dans laquelle les différences sont concurrentes aux nôtres. Une différence qui commence et s’arrête aux frontières, de tous types, repoussée aux confins, sans  en comprendre vraiment l’essence, beaucoup trop enlisées dans la  croyance de sa propre supériorité. Une croyance dont les racines s’accrochent aux fondements de la construction des sociétés  colonialistes, qui sont toujours d’actualité.

        

 

        

Dans la migration d’un territoire à  l’autre, il y a déplacement autant de sols à sols, que de sociétés à  sociétés, du bas au haut des échelles, et inversement. Des déplacements qui sont toujours soumis à la nature du point de départ. Francis Alÿs parcourt les distances, les sols, et les questions posées à leurs surfaces. The Nightwatch ( 2004 ) est un film qui parle d’une figure dont l’on observe ontinuellement tout les aspects, comme une projection de notre propre rapport à la vidéosurveillance, mais se révèle réflexion sur  la liberté en général, sur le contrôle d’allées et venues entre deux mondes aux limites tant élancées, mais fragiles comme la mue d’une muraille serpentine. Sur l’abolition de ces frontières qui n’ont  plus aucun sens en vérité, mais dont l’empreinte est une réalité. Un état ambiant comme une foule de doutes et de questionnements entêtants sur pourquoi l’être soi et le port d’une dite identité ne nous laissent que des portes closes sans en mentionner la clef. Pourquoi d’une décision arbitraire nous, entités mouvantes, vivantes, croyons nous restreindre l’accès au sol à d’autres, semblables à nous mêmes, d’une volonté aléatoire qui repose sur le fait que toute essence ne soit pas attribuée au même trousseau. Le regard porte sur le respect des limites, mais s’arrête plus loin que la destination finale. Je pourrais tout simplement dire que Francis Alÿs nous parle d’un animal épié, dont chaque mouvement est enregistré, mais ce renard, déambulant dans les corridors de la  National Portrait Gallery à Londres est comme symbolique de disparition des conventions. L’animal appartenant à une espèce andémique, investit les derniers lieux qui lui étaient interdits, des lieux particulièrements autres et étrangers, pourtant si proches. Qu’il ne comprend pas, et se tient au seuil de deux états possibles, entre de la liberté et la contrainte, entre son intrusion dans un espace codé et la soustraction qu’il représente au monde animal. Sa présence dépasse l’ordre construit et entendu, ou quelque hiérachie virtuelle attribuant à chacun la possibilité ou non d’occuper un espace, de s’y mouvoir et d’y évoluer, et remet en cause les codes sociétaux appliqués aux droits du sol. Sa progression dans les couloirs est comme une porte laissée ouverte sous les yeux d’un système où chaque chose a une place pré-définie. Un système qui exerce un contrôle visuel continu sur le territoire et qui en détient une connaissance mise à jour régulièrement, particulièrement sur le respect de ses cloisonnements. Il y a double incursion en espaces prohibés pour l’animal, sa présence physique dans le musée et sa présence dans les failles du vidéo-contrôle continu de l’espace physique, comme un virus informatique, ou comme la première pierre brisée d’un édifice dont les fondations empoisonnent le sol sur lequel il est construit. C’est sa présence dans ce musée qui démontre l’importance démesurée que l’on accorde au respect des délimitations spatiales et à la hiérachie sociétale attachée au territoire, qui renvoie à nos propres droits au sol et au mouvement, qui se perdent progressivement dans les actes ou dans les faits, dans la distinction de statut d’un individu à un autre, qu’il soit financier, identitaire ou culturel.

        


      
     
        

 

 

 

 

 

        

 

 


        




























                

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Traverser le même goudron qui fend les mêmes collines, tons sur tons sur la nuit, atteindre l’aéroport à mi-chemin, s’arrêter et s’effacer à première vue du jour à travers le hublot de l’avion. Clore la boucle sur une trajectoire passée, se mettre en chemin vers le commencement, vers les choses telles qu’on les a laissées, ou presque. S’avancer vers le siège sur lequel on changera de zone aérienne. Puis vers la sortie de l’avion, celle de l’aéroport, le rer, le métro, la gare et de nouveau le train. Se fondre dans la vitesse à nouveau. S’attarder sur les presque différences, celles que l’on a manquées, que l’on rattrape en cours,  qui passent sans la possibilité de les saisir. Qui reviennent car on tourne en rond, sur nos mêmes empreintes, sur un même cycle, avec des objectifs qui nous emmènent toujours au seuil de nos acquis. On s’engage juste plus ou moins vite dans l’allée de nos certitudes.